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Chapitre I LG

Coucou voici le premier chapitre des LG. Je ne vais pas dire "enfin". Après tout ce que je t'ai dit, j'espère un minimum m'être améliorer, sinon c'est la loose pour moi XD. 

Je te souhaite bonne lecture ;) 

Bisous

Chapitre 1

 Veuillez me suivre et sans résistance! Sa Majesté Saja Kylvaa, empereur d’Ukkonen vous attend à l’intérieur du vaisseau.

La stupeur des habitants de voir plusieurs engins volants inconnus survoler le ciel couvert d’Evor, s’est transformée en horreur lorsqu’ils ont atterri dans la principale cour du palais, tandis que d’autres dans les parcs bien entretenus environnants.

Dévoré par la curiosité, Draco avait oublié son titre et sa position, et avait fait comme ses sujets, il s’était précipité vers la porte-fenêtre la plus proche pour découvrir ce qui se passait. Voyant l’armée inconnue marcher dans la direction du palais, il regagna son trône en ayant l’impression d’avoir perdu en vélocité. Ses jambes lui semblaient faites en flanelle.

Les quatre soldats qui s’étaient déplacés jusqu’au trône de Draco, les dépassaient tous largement d’une tête ou deux. Certains nobles s’étaient enfuis bien avant qu’ils n’entrent dans la grande salle. Des cris, des bousculades et des portes qui claquent pouvaient être entendus dans les couloirs, et la panique était évidente dans tout le palais, à l’exception de la salle du trône.

Tandis que d’autres nobles restaient fascinés par le spectacle des troupes débarquées, regardant les visiteurs de l’empereur affluer dans la salle, en compagnie de l’empereur impuissant devant cette invasion inattendue.

Quand il vit de beaucoup plus près ces géants en uniformes bleus, dont certaines parties du corps étaient recouvertes de plaques de métal ciselé entrer dans la pièce, il a juste paniqué.

Est-ce l’équipement ou l’aura intense qui le fait ressembler à un insecte ignoble à écraser? Draco normalement volubile n’osa pas refuser son "offre". Il se contrôla suffisamment pour ne pas montrer de confusion.

Sa demande d’être accompagné par un garde du corps fut catégoriquement refusée. Apparemment, il n’y avait pas de place. Était-ce une blague avec tous ses navires? Draco ne riposta pas, il n’était pas du genre téméraire lorsqu’il savait un combat perdu d’avance.

L’un des gardes à l’arrière avait pris les bagages et c’était très léger dans l’ensemble. Son interlocuteur privilégié, lui avait signifié plus tôt qu’il ne lui restait que dix minutes avant de partir, tout en lui précisant qu’il ne serait absent que trois à quatre jours tout au plus, donc il s’inquiétait moins, tout comme son entourage d’ailleurs. Au moins, ils avaient prévu de le garder en vie, se dit-il pour se rassurer.

La structure volante bleu ciel devait mesurer trente mètres de long au moins, pensa l’Empereur Evor en s’approchant à contrecœur. Pour une raison quelconque, Draco se sentit étourdi et ses yeux devinrent vides comme s’il était sous l’influence d’une boisson alcoolisée. Son corps ne tremblait pas de peur, mais réagissait comme si des vibrations constantes et persistantes se produisaient autour de lui. Il ne comprenait pas les réactions physiques qu’il éprouvait au contact de ces hommes.

Draco tourna son attention vers la passerelle d’embarquement des passagers et remarqua un garde de sécurité bien plus impressionnant au-dessus de lui, habillé de la même manière que ses compagnons.

Draco les voyait comme des êtres différents de lui et de son peuple. Ces hommes étaient tous plus trapus et plus athlétiques que les soldats avec lesquels il travaillait habituellement. Leurs cheveux, cachés sous leurs casques, ne pouvaient cacher la bacchante qui descendait jusqu’au menton. Curieusement, c’était ce détail qui la rendait si mémorable pour lui. Contrairement à son peuple, ils n’avaient pas renié leur nature sauvage.

S’il avait été plus jeune, Draco était sûr qu’il aurait pris plus de plaisir à poursuivre ce voyage inattendu. Mais à plus de cinquante ans, il avait perdu cette part d’aventure qui l’habitait auparavant. S’encroûter dans les salons et les invitations mondaines autour de discussions même excitantes l’avait ramollie plus qu’il ne le pensait.

 La porte du vaisseau siffla derrière lui, coupant toute tentative d’évasion. Il suivit le loup Celens devant lui sans broncher. Alors qu’il s’approchait de sa destination, les gens qu’il croisait se mirent au garde-à-vous. Curieusement, cette marque de respect lui redonna confiance et apaisa son anxiété.

La porte du vaisseau coulissa derrière lui dans un chuintement, le coupant de toute tentative intempestive de fuite. Il suivit le loup Celen devant lui sans broncher. Les individus qu’il croisait se mettaient au garde-à-vous dès son approche. Bizarrement, cette marque de respect le remit en confiance et sa peur s’atténua. Cela prouvait que ces étrangers le traiteraient bien durant son voyage et qu’il n’avait pas à se soucier de son avenir immédiat.

Son regard curieux a soudainement erré sur le mur immaculé avec quelques lumières douces et scintillantes, contrairement à l’éclairage blafard au plafond. Une porte se dématérialisation sous ses yeux stupéfaits. Indil ne possédait pas une telle technologie et… cet engin? Ce vaisseau? Peu importe, comment les Celens appelaient cela, mais personne à sa connaissance sur l’île n’était capable de produire pareille science. 

Lorsque son guide s’écarta pour le laisser passer, Draco reconnut tous les empereurs qui vivaient sur Indil… sauf ceux d’Etela et d’Ameran.

Leur conversation passionnée fut interrompue et leurs attentions se tournèrent vers lui. La petite assemblée le regarda avec curiosité, sauf Mura Sato Tori. Pourquoi n’en était-il pas surpris? Toujours aussi grincheux et maussade; bien que dans sa jeunesse il fut impulsif et colérique, Tori avait été capable d’une bonne humeur et d’humour.

— Viens te joindre à nous, Draco proposa amicalement Lens.

L’empereur de Pewel lui indiqua un siège à côté du sien. De se retrouver en leur compagnie rassura un peu plus Draco, même s’il n’appréciait plus l’un d’entre eux. Son naturel chaleureux reprit le dessus tandis qu’il s’approchait du groupe assis autour d’une table rectangulaire. 

— Merci. Je vois que nous sommes tous convoqués?

Il se déplaça jusqu’à la banquette où était assis son ami Lens. Il accepta volontiers le verre d’alcool que lui tendit Elony de l’autre côté de la table.

— En même temps, si un certain empereur s’était abstenu d’envahir un certain empire, nous n’en serions pas là!

Alors que Nysa disait cela, il lança un regard noir à Tori, qui roula des yeux en s’en apercevant, croisa les bras sur sa poitrine et prit une position boudeuse. L’empereur Belmera était furieux depuis qu’on lui a demandé de monter à bord du navire de Saja Kilvaa.

— Calmons-nous. Nous devons rester soudés. N’oubliez pas qu’il s’agit de l’empereur d’Ukkonen. Je me vois mal lui expliquer pourquoi nous comptons un mort parmi nous en descendant de l’un de ses vaisseaux, ironisa Côme.

Tori se tourna vers l’empereur de Framir une lueur assassine dans le regard.

— Fais attention à ce que tu dis! Si tu me menaces, je vais m’arranger pour que ça soit toi la victime!

 Un soupir à pierre fendre se fit entendre. Draco, qui avait horreur des conflits et des querelles, voyait déjà ses deux camarades se battre dans un espace clos, dont l’étroitesse serait incapable de supporter deux loups s’entre-tuer. Inconsciemment, il porta sa main à la tête et grimaça. Sa réaction eut pour effet de forcer le silence. Tous les empereurs essayèrent de trouver un détail remarquable qui vaille la peine d’ouvrir une conversation moins explosive.

Le sujet s’ouvrit sur Ukkonen, et Draco écouta plus qu’il ne participa à la conversation. Après tout, lui ne connaissait pas cet empire; pour lui il n’y avait que les «Celens»! De plus, il apprit que ce Saja Kylvaa était l’empereur d’Indil. Il cacha sa perplexité et hochait la tête en signe d’assentiment sur ce qu’il apprenait par l’intermédiaire des empereurs d’Oteran, Framir et Belmera. C’était vrai que ces trois-là, recevaient parfois la visite de ces fameux loups-celens, puisque leurs côtes donnaient droit sur Ukkonen. 

Mais Draco ne pouvait s’empêcher d’avoir peur. Depuis combien de siècles les loups Celens ne s’étaient pas déplacés ici sur Indil? Pourquoi maintenant? Il avait eu vent de la rumeur qui se propageait concernant les origines de Naka Seiryo, mais était-elle seulement vraie?

Le fait que Tito Il Khans Eltiri demande Seiryo en mariage l’avait beaucoup amusé. En fait, il a éclaté de rire en apprenant la nouvelle, mais comment pouvait-il être sérieux en apprenant que ce coureur de jupons invétéré qu’était Eltiri choisisse un homme comme compagnon? Tout cela pour la couronne? Sérieusement...

Des doutes s’installèrent dans sa tête. Il se gratta le menton et son regard se perdit dans la contemplation de la table blanche devant lui. Le discours de Côme à ses côtés le laissait voir une vérité à laquelle il ne s’attendait pas. Et dire qu’il avait songé à s’en prendre à Etela avec les armes fut un temps. Ensuite, il avait songé à des alliances qui seraient moins coûteuses en termes d’argent et pertes humaines.

La conversation dériva sur la manière dont chacun avait vu apparaître les vaisseaux dans leur cour respective. À chaque fois le même scénario! Tous avaient obtempéré n’ayant pas les moyens de faire face à un conflit qui verrait de toute façon leur défaite. Ce sentiment d’impuissance, chacun de ses amis l’avait connu et il en fut soulagé se sentant moins couard.

À l’évocation de ce souvenir, tous restèrent pensifs longuement, s’interrogeant sur les intentions de ce Kylvaa qu’ils ne connaissaient pas et pourquoi maintenant? Quoique Nysa Opole, l’empereur de Belmera avait évoqué la guerre que Mura Sato Tori avait déclenché contre Etela, songea Draco. Et c’est durant cette pause que la porte s’ouvrit sur celui qui leur avait servi de guide à chacun.

— Vos majestés, dit-il en substance, maintenant que vous êtes tous réunis ici dans cette pièce, mon maître vous informe que nous nous rendons à la cour d’Etela à la rencontre de son fils, Naka Seiryo.

Personne ne pipa mot.

— Au cours de sa visite de courtoisie, plusieurs annonces seront faites sur l’avenir d’Indil et les changements qui surviendront après son intervention. Mais vous en saurez plus lorsque mon Maître décidera qu’il conviendra de vous en parler. En attendant, préparez-vous nous arrivons bientôt à destination.

Cette déclaration les surprit. Une fois de plus seul, le petit groupe se perdit en conjectures diverses. Ils adressèrent parfois des regards mauvais en direction de Mura Sato qui s’enferma de son côté, derrière un mur de silence. Draco se laissa aller à une confidence :

— Je trouve tout de même étrange que l’empereur d’Ukkonen ne se soit toujours pas manifesté à nous.

Extérioriser son malaise le soulagea et il constata que tous l’approuvèrent d’un hochement de tête. Ce fut Côme qui lui répondit :

— Peut-être qu’il ne veut pas dévoiler ses intentions dans l’immédiat? Il est fort probable qu’il nous demandera de prêter allégeance à son fils, s’il n’y a que ça pour lui faire plaisir, je le ferai. 

Au même moment, la porte s’ouvrit à nouveau les surprenants tous. Leurs guides étaient polis et ils les encouragèrent à les suivre. Ils s’éloignèrent en silence, chacun cogitant dans son coin, attendant avec impatience que toutes leurs questions trouvent enfin une réponse.

*

Les gens se précipitaient hors de chez eux pour voir le spectacle extraordinaire et terrifiant qui les attendait. Plusieurs vaisseaux spatiaux tournaient dans le ciel. La plupart des habitants de Sumir semblaient effrayés, certains hurlant et fuyant dans toutes les directions, tandis que d’autres restaient figés par l’angoisse. Un vent de panique soufflait sur la capitale. Pourtant certaines personnes ressentaient une curiosité au-delà de la peur.

L’atterrissage des vaisseaux se fit dans les jardins du Palais Impérial, nombre de ceux se trouvant à proximité ne purent cacher leur stupeur.

Un petit groupe se rapprocha de Nokto pour satisfaire leur curiosité. Mais ils en ont eu pour leur argent... ils se trouvaient tous de l’autre côté du palais, loin de la foule qui arrivait progressivement. Les gardes, effrayés, restèrent en place, repoussant les téméraires qui tenteraient de passer.

Les gardes du palais se précipitèrent à la rencontre des envahisseurs qui avait osé entrer dans la cour d’Etela. Flink Eita, ministre de la guerre et ancien général d’infanterie, se dirigea vers le navire tandis que la porte s’ouvrait et la passerelle d’embarquement s’étirait. Il était accompagné de certains des soldats qui s’étaient trouvés à proximité de lui. En même temps, il donnait ses ordres et une haie d’honneur se forma jusqu’au navire.

Flink se demandait bien qui étaient ses visiteurs étranges, tandis qu’il refusait de céder à la panique. Il serra les poings, comme la mâchoire pour couper son élan premier : la fuite!

Comment pourrait-il avoir un comportement si indigne, alors que ses hommes le regardaient avec des yeux qui trahissaient leur confusion tandis qu’il les dépassait un à un? Au fond de lui, il craignait l’inconnu et non la mort… et son loup pleurait dans son esprit, le suppliant de reculer. Mais en tant qu’ancien militaire, il ne pouvait pas faire cela. C’était son devoir de protéger, surtout avec une charge aussi importante que la sienne!

Pendant ce temps, le Premier ministre Meo, entouré de tous les ministres présents à la cour, s’était arrêté devant l’escalier de la première terrasse dans une peur indescriptible. Elle admira Flink d’avoir marché courageusement vers ces inconnus. Son seul souhait était de s’évader et si possible très loin. Cependant, entourée comme elle l’était et compte tenu de son rôle, elle n’a pas pu le faire. Ses mains se serraient l’un contre l’autre devant son cœur, pour en cacher leur tremblement involontaire.

Tous fixaient éberlués les hommes gigantesques qui sortaient du vaisseau.

Meo chuchota en les reconnaissants à leurs tailles immenses :

— Les loups Celens sont là!

Flink s’arrêta devant celui qui se détacha à sa rencontre. Il semblait être le chef d’un petit groupe d’une dizaine de guerriers. Ils discutaient et le ministre de la guerre inclina profondément la tête et la hocha de temps à autre. Meo essaya de deviner le sujet de la conversation, mais la distance était trop grande. L’échange dura au moins cinq minutes, les plus longues de sa vie. Les ministres étaient tous pleins de curiosité. Certains chuchotèrent derrière elle commentant la taille gigantesque des nouveaux arrivés, mais elle garda son attention rivée sur les hommes devant elle.

Puis, Flink fit demi-tour pour les rejoindre tous, tandis que les visiteurs regagnaient leur vaisseau. Son pas était pressé et Meo remarqua son expression préoccupée. Un nuage de buée se forma autour de sa bouche lorsqu’il s’adressa à ses collègues quelques minutes plus tard. Il paraissait avoir très chaud alors que les températures restaient glaciales à cette époque de l’année.

— Tous les empereurs d’Indil vont se joindre à notre cour aujourd’hui, ainsi que l’empereur d’Ukkonen, notre souverain à tous.

— Quoi?! s’exclama en un cri Meo.

La stupeur les rendait presque risibles, songea Flink. Mais ils affichaient la tête qu’il devait faire, quelques minutes plus tôt en apprenant la nouvelle. Ils étaient tous choqués comme lui. Son cœur tambourinait dans sa poitrine et le froid qu’il ressentait n’avait rien à voir avec les températures hivernales que le pays subissait.

— Ce n’est pas une blague, Meo ressaisis-toi.

— Je n’ai jamais dit cela. Enfin, je…

— Sa Majesté Kylvaa demande à réunir tous les ministres et les grandes familles présentes dans la salle du trône dans une heure. Je ne connais pas la teneur du discours qu’il veut nous faire, mais cela semble assez important pour qu’il vienne jusqu’à nous. Nous avons peu de temps, alors nous devons nous dépêcher. 

Meo observa Flink et se posa quelques questions et tandis qu’il essayait de l’entraîner à l’intérieur du Palais, elle lui demanda :

— Qui est Sa Majesté Kylvaa et qu’est-ce qu’Ukkonen? Excuse-moi d’être pointilleuse, mais je n’obéis pas aveuglément à l’ordre d’inconnus.

Flink cligna des yeux, comme s’il considérait sa collègue comme folle.

— Saja Kylvaa est l’empereur d’Ukkonen et de l’île d’Indil, c’est notre empereur à tous. Et crois-moi, Meo, au vu des équipements de ces hommes il se pourrait bien qu’il ne vienne pas uniquement avec des idées pacifiques en tête et je peux t’assurer que nous serons balayés en moins d’une journée.

Tous les ministres se figèrent sur place. Ils jetèrent des regards inquiets en direction du vaisseau le plus proche. Voyant que tous ses collègues restaient immobiles, fixant toujours les vaisseaux comme s’il s’agissait d’un mauvais rêve, Flink cria :

— Bougez-vous, maintenant!

Tous sursautèrent. Ils oublièrent leur dignité due à leur statut et détalèrent comme des lapins. Flink soupira profondément et les suivit avec plus de calme, inutile d’ajouter sa peur à l’hystérie collective qui se répandait dans tout le palais de Nokto. En fait, il serait même incapable de courir, sa rencontre avec cet émissaire lui avait ôté toute son énergie.

Et dire que leur empereur n’était pas là. Il avait remarqué la déception sur le visage de son interlocuteur en apprenant la nouvelle. Pourtant, l’ordre était resté le même. Outre le fait que l’empereur d’Ukkonen voulait voir son fils biologique, il avait un message très important à transmettre à la cour d’Etela. Même s’il avait des doutes, Flink avait du mal y croire.

Qu’allait-il leur arriver maintenant? Son regard se concentra sur la ligne blanche et pure de Nokto qui se dessinait nettement sur le ciel où des nuages ​​noirs roulaient dans leur direction. Une tempête approchait.

*

Meo Kala frappa à la porte de Jin et Saki Seiryo. Celui qui ouvrit la porte avec une expression sinistre était le père de Naka. Au lieu de paniquer comme tout le monde dans le palais, il semblait agacé. Cela surprit Meo, mais elle n’avait pas le temps d’analyser les attitudes de ceux qu’elle avertissait. Elle essayait non seulement de surmonter son propre choc, mais aussi d’accepter cette situation inédite au palais.

— Votre Altesse Impériale, nous devons nous réunir à la salle du trône immédiatement, s’il vous plaît.

— Qui est-ce?

Meo reconnut la voix de Saki.

— Le Premier ministre.

Jin l’avait dit en s’adressant à sa femme. Puis il se retourna sur elle et la rassura :

— Très bien. Doit-on vous suivre ou bien y allons-nous directement?

— Je dois avertir d’autres personnes, Votre Altesse Impériale.

— Très bien.

Jin ferma la porte. Il prit appui dessus quelques secondes avant de rejoindre Saki qui fixait l’extérieur avec nervosité. Lorsqu’elle avait reconnu les engins dans le ciel, elle s’était exclamée stupéfaite :

 Ils viennent nous enlever Naka, Jin! Ce sont eux!

Depuis ses mains trituraient un mouchoir. Bien qu’avec son retour auprès d’elle, elle paraissait suspendue à ses lèvres pour savoir quelle conduite tenir.

— Tu viens Saki? Je suppose qu’il voudra nous voir.

— Oui, j’en suis convaincue aussi et cette idée ne me réjouit pas.

Jin lui tendit la main et l’accompagna d’un sourire chaleureux. Saki l’attrapa tout en serrant dans l’autre le bout du tissu qu’elle tourmentait depuis quinze minutes. Dans un élan spontané, Jin serra sa femme contre lui. Le moment tant redouté était enfin arrivé!

Silencieusement et main dans la main, ils se dirigèrent vers le point de rendez-vous. Tandis qu’ils s’approchaient de la salle du trône, le couple se calma.

Saki remarqua immédiatement les militaires bien plus grands que ceux d’Etela postés devant la double porte de la salle du trône. Ils ressemblaient à ceux qu’elle avait vus il y a des décennies. Physiquement, ils étaient identiques, mais leurs uniformes ne l’étaient pas. Les deux énormes gardes se tenaient immobiles et impassibles alors que le couple franchissait le seuil, sans leur accorder le moindre regard.

Quelques nobles s’y trouvaient déjà, ainsi que deux ou trois ministres, calcula Jin. Il s’avança vers eux pour en savoir un peu plus. Malheureusement pour lui, ces derniers furent incapables de l’éclairer. Un loup Celen annonça d’une voix forte à l’entrée :

— Veuillez saluer ses Majestés, de Nuru Sato Tori Empereur de Sue…

Un murmure s’éleva lorsque l’assemblée présente entendit son nom, et devint plus fort lorsque l’empereur entra dans la salle du trône, mais quand un autre nom illustre fut cité, il se tut.

— Elon Orliewin, Empereur d’Asour…

Un homme d’un certain âge pénétra dans la pièce à son tour, après avoir jeté un coup d’œil au loup qui annonçait un à un tous les empereurs présents.

— Stan Ev Pewel, Empereur de Pewel… Nysa Opole, Empereur de Belmera… Draco Koti Olten, Empereur d’Evor, Lens Raisamen, Empereur de Framir… Côme Kiervela, Empereur d’Oteran.

Deux gardes s’avançaient en même temps que les empereurs à présent. L’un d’eux désigna une place devant l’estrade où se situaient les deux trônes. Les militaires firent reculer les nobles derrière une barrière invisible, détachant les empereurs du reste de l’assistance et ils se postèrent à chaque extrémité de la pièce, signifiant ainsi qu’ils représentaient la ligne à ne pas franchir.

Jin observait les allées et venues depuis son arrivée et remarqua que l’homme qui avait annoncé l’arrivée des différents empereurs, le repéra dans la foule. Il se dirigea vers lui et inclina la tête en signe de salut.

— Seriez-vous Son Altesse Impériale, Jin Seiryo par le plus heureux des hasards?

— Oui.

L’homme l’invita à le suivre afin qu’il puisse se tenir devant l’estrade en compagnie des empereurs présents. Saki s’accrocha à son bras, ses doigts s’enfonçant dans sa chair, trahissant sa peur. De son côté, Jin voulait dégager de la confiance, même s’il était loin de la ressentir. Une fois derrière la corde invisible qui les séparait du reste des nobles, Jin remarqua que les Empereurs les regardaient avec une grande curiosité.

Les nobles s’interrogeaient du regard sans avoir le courage de dire quoi que ce soit. De nouveaux venus apparurent et Jin reconnut toute haute noblesse présente à Nokto, suivi enfin par les derniers ministres qui avaient prévenu les fuyards de se joindre à ceux rester à la salle du trône. Peu à peu, ils formèrent des groupes, chuchotant, se demandant pourquoi ils étaient là.

En revenant sur le groupe qu’il occupait, Jin remarqua qu’il avait l’insigne honneur de se retrouver côte à côte avec Tori de Nuru Sato. L’empereur de Sue faisait la moue, et jetait des regards méprisants sur l’assistance. Comme si aucune des personnes présentes n’était digne de sa personne. L’arrogance et le dédain personnifié, songea Jin. Il n’était pas difficile de le détester même sans grief. L’âge commençait à marquer son visage qui autrefois devait être très séduisant, à moins que cela ne soit l’aigreur, songea Jin.

— Je suis heureux de vous rencontrer enfin, déclara en préambule Jin à l’empereur et en insistant sur le dernier mot.

C’était un euphémisme, son sang bouillait à l’intérieur de lui. Ce dernier lui adressa un regard méprisant. Toutefois, il le détailla pour essayer de connaître l’identité de son interlocuteur. Puis, il répliqua avec un ton discourtois :

— Je ne vous permets pas d’être vulgaire avec ma personne.

Jin n’eut pas le temps de réagir que Saki se posta devant Tori et lui répondit :

— C’est vous qui êtes vulgaire, en plus d’être un âne bâté! Jamais je n’aurais pensé que vous auriez l’audace de vous présenter à cette cour! Nous avons toutes les raisons d’être en colère mon mari et moi après tout ce que vous avez fait à Etela et à mon fils!

Saki était devenue le centre de l’attention, mais elle s’en fichait. Les murmures s’étaient arrêtés. Elle se tenait devant Tori avec ses mains sur ses hanches, l’air déterminé et en colère sans baisser les yeux ni broncher. La pression de l’aura de l’empereur de Sue essayait de l’impressionner, mais elle était trop en colère pour même le remarquer. En même temps, elle avait connu des intimidations plus grandes quelques années plus tôt.

— Pourquoi tant de haine? osa-t-il lui dire avec dérision.

— Vous avez essayé d’assassiner mon fils!

— Le vôtre vraiment

Cette fois, ce n’était pas juste un ton moqueur. Le visage de Saki en devint rouge de colère. Elle se pencha sur lui, clairement menaçante, mais Tori s’était redressé avec arrogance pour lui montrer tout son dédain. Ses sourcils levés et un sourire fit trembler ses lèvres pour révéler des dents blanches parfaitement alignées, qui lui donnèrent un air goguenard. Voyant la colère de sa femme redoubler, Jin lui fit signe de se calmer, mais elle ne le voyait plus.

— Naka est mon fils! Je l’ai élevé que vous le vouliez ou pas!

Sa voix résonna profondément dans la pièce, et Jin regarda anxieusement en direction des soldats qui bloquaient la sortie à présent et ceux qui se trouvaient à proximité immédiate. Ils la dévisagèrent avec curiosité, mais ils ne bougèrent pas, tout comme le public qui les écoutait ouvertement.

— Et on voit ce que cela a donné! Une chance que vous n’ayez pas accédé au trône, Dieu seul sait ce qui aurait pu arriv…

Le bruit d’une gifle violente retentit, et personne n’avait vu le geste partir. Tori faillit tomber à la renverse et réussit à se redresser de justesse. La stupéfaction régna parmi la foule présente. Jin s’approcha d’elle pour calmer sa femme, mais il savait que toutes ses tentatives seraient vaines. Sa respiration lourde et ses yeux brillants montraient sa colère, ou plutôt sa rage.

— Et vous, vous n’auriez jamais dû y monter! À croire que Sue accepte les attardés, peu importe les conséquences!

Le geste de Tori pour frapper à son tour Saki fut intercepté par Lens qui se trouvait juste derrière lui. Il dit avec calme :

— Notre position ne nous permet pas de frapper une femme. De plus, vous l’avez bien cherché et croyez-moi, tous ceux présents ici auraient bien voulu vous la coller cette gifle!

Tori qui avait la joue qui pulsait et brûlait jeta un coup d’œil autour de lui. Tous le fixaient soit outrés, ou satisfaits.

— Tous des lâches!

— Néanmoins, vous avez envoyé votre fils affronter seul Yukio Go, lui répondit Côme. Je pense que vous devriez vous tordre la langue dans la bouche et y réfléchir à sept fois avant de donner un ordre ou de faire des commentaires à quelqu’un. Les années ont passé et vous ne vous êtes pas amélioré malgré tous nos avertissements.

— Toujours à vous parer de bienséance. Vous me faites tous bien rire! Vous vous êtes tous  toujours couchés pour le peu qu’un loup glapit!

— La prudence est mère de sûreté, et je pense que tu devrais faire attention à toi mon pauvre Tori.

— Je n’ai pas besoin de ta condescendance Draco…

— Si je peux me permettre Tori, nous vous demandons de vous taire. Nous sommes tous convoqués ici par votre faute!

— Que racontez-vous Opole?

Un soupir passa les lèvres de l’empereur de Belmera. Il ferma les yeux un bref instant tout en repoussant ses épaisses boucles châtains laissées libre sur ses épaules. Il lui répondit avec patience comme on le ferait à un enfant buté :

— Qui a provoqué et envahit Etela? Vous! Qui est l’empereur d’Etela? Le fils de Sa Majesté Kylvaa. Même si vous ne saviez pas qui il était, et là j’en doute, vous n’aviez pas à déclarer la guerre à Etela. Nous vous avions prévenu! Je suis désolé, mais tout est de votre faute… et par votre faute, vous nous as tous entraîné dans votre folie. En plus, vous vous permettez d’insulter les parents adoptifs de sa Majesté Yukio Go. Je suis désolé, mais en avez trop fait!

La cour d’Etela écoutait la conversation de toutes leurs oreilles, stupéfaite. Tous s’interrogeaient du regard ne comprenant pas qui était ce Kylvaa. Et puis, l’information principale le couple impérial était les parents adoptifs de l’empereur? La stupeur régnait parmi les convives.

Jin et Saki se rendirent compte que tous les empereurs connaissaient la vérité sur Naka et certainement sur ce qui allait arriver! Saki oublia soudain sa colère et se tourna vers son mari en lui tendant la main pour se rassurer, ignorant complètement l’empereur de Sue tout à coup.

— Mes doutes viennent d’être confirmés, chuchota-t-elle à son intention.

Ce fut le moment que choisit le militaire chargé d’annoncer les invités déclara d’une voix forte :

— Sa très haute Majesté Impériale, Empereur d’Ukkonen et d’Indil, Saja Kylvaa Daela.

 

Date de dernière mise à jour : 14/05/2023

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